Jésus est le maître de l’Unité. Ce qu’il nous offre et nous enseigne par son exemple est une révolution : il s’élève par-delà tout mouvement binaire du Bien et du Mal, du juste et du fautif, du bourreau et de la victime… Pour nous enseigner ce qu’en Voice Dialogue on nomme l’Ego Conscient : la troisième voie.
Quelle est cette troisième voie ?
Jésus nous le montre par sa posture. Il est le maître de l’Unité, qui nous enseigne que le corps est l’accès direct au Divin : « Ne sais-tu pas que ton corps est le temple du Saint-Esprit ? » (1 Corinthiens 6:19).
Il ne décrypte pas les mystères et les paraboles, en venant offrir des solutions toutes faites… Il nous montre la voie afin que nous apprenions à marcher avec Lui.
Dans le tableau de la scène face à la femme adultère, on impose à Jésus un choix binaire : défendre la Loi, ou la victime. Rester fidèle aux lois transmises par Moïse, ou à ses enseignements sur la miséricorde. (Jean 8:1-11)
Que fait Jésus ?
Il ouvre la troisième voie : il penche la tête et se met à écrire au sol. (Jean 8:6) Face aux dualités de nos vies, aux choix à prendre, face aux mouvements de communautés qui nous poussent à juger et à trancher… Jésus nous invite à entrer à l’intérieur de nous, pour nous mettre à Son écoute.
« De dehors, entre au-dedans » nous disait Lallâ, poétesse tantrique du 14ème siècle.
Et avec elle, toutes les grandes spiritualités nous murmurent ce secret : il n’est pas de Rencontre divine sans ce retour à l’intérieur. Sans ce sacrifice de notre place en ce monde. Sans oser l’inconnu et l’obscurité du retrait en soi…
Car l’Inconnu est synonyme de Dieu.
De dehors, entre au-dedans. Voilà l’invitation que Jésus nous offre face aux dualités de nos vies. Nous libérer de l’illusion que nous contrôlons tout, que c’est à nous de choisir, avancer, décider… Car cette voie-là, cette autoroute sociale, c’est la voie de perdition et du manque d’amour.
C’est la voie de la perpétuelle insatisfaction qui veut toujours plus (la pléonexie, désir d’avoir toujours plus en se comparant aux autres). C’est la voie du manque, car le monde souffre du manque perpétuel… Choisir le monde, c’est choisir le manque.
Mais choisir le Lieu Secret de la rencontre avec Dieu, c’est choisir la véritable richesse. « Ma coupe déborde » (Psaume 23:5). Dans ce retrait, qui semble être un sacrifice aux yeux du monde, ce qui est reçu en vérité c’est l’abondance, la confiance, la clarté.
Face à la femme adultère et à ses accusateurs, Jésus redresse ensuite la tête. Fécondé par le Verbe Créateur qui a eu l’espace de germer en Lui, Il s’adresse à ceux qui cherchaient à le piéger :
« Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. » (Jean 8:7)
Or qui pourrait jeter cette pierre-là sans devenir ce pécheur qu’il s’enorgueillirait de ne pas être ?
Nous sommes si souvent occupé.e.s à juger qui a raison et qui a tort, qui ne devrait pas faire ainsi ou devrait vraiment faire comme cela…
Que nous oublions l’Essentiel : Dieu est partout. Dès que je pointe le doigt vers l’autre, par un mot, un regard, un jugement en apparence anodin sur son attitude ou son accoutrement… C’est Dieu que je condamne ; c’est moi qui deviens prisonnière. De mon manque d’amour, de la solitude dans laquelle mon Ego m’enferme.
Lorsque Jésus se retrouve face à cette femme, il revient du Mont des Oliviers, il sait que son heure approche… Il revient de ce sanctuaire qui sera celui de ses dernières heures, les yeux chargés de la Sagesse de la mort.
Comme au retour d’une quête de vision, notre regard s’est élargi, notre respiration a changé. Jésus voit ces êtres non pas avec la condamnation du juge qu’ils aimeraient le faire devenir, mais avec le regard de l’amour qui voit par-delà les blessures et les bêtises humaines.
Il ne cherche pas à raisonner ou faire entendre raison… Il nous élève et nous éveille à notre plus haute dimension. Il nous rappelle à la seule chose qui compte : l’Appel de cette Source d’Amour qui souhaite jaillir au travers de nous.
Est-ce que mes regards sont porteurs d’amour ?
Est-ce que mon regard condamne, évalue, cherche à comprendre ou discerner… Ou est-ce que je peux transformer mon regard avec le Christ, pour offrir au monde le baptême d’une vie nouvelle ?
Chaque fois qu’un regard d’amour se pose, le monde fleurit et révèle sa réalité : celle du Royaume que nous avons oublié.
Nos regards ont un pouvoir stupéfiant. Voilà ce que considère peut-être Jésus face à cette femme accusée, comme l’a été sa mère 33 ans plus tôt. Et si le regard d’amour de son père adoptif, Joseph, ne s’était pas posé sur Marie… ?
Jésus ne serait jamais né. Marie serait morte sous les coups de pierre (cf. Deutéronome 22:23-24 sur la loi en cas d’adultère) et de haine.
Comprenons-nous l’impact de nos regards ? Comprenons-nous que par un regard d’amour qui efface toutes mémoires du passé, comme d’un revers de main sur la poussière du sol, c’est la possibilité que nous offrons au germe divin en l’autre de croître et de prospérer ? De donner naissance au Christ en Soi ?
« Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende » (Matthieu 11:15 ; Marc 4:9). Que celui qui a des yeux pour voir, voie…
Et ce regard-là ne nous appartient pas : il est celui de Dieu, auquel nous avons fait l’espace dans nos corps et nos cœurs par le Retour, Teshouva en araméen, à l’intérieur de soi.
Dans ce lieu de Rencontre, dans le Lieu Secret, c’est Lui qui ouvre nos yeux d’une nouvelle manière au monde, pour nous en révéler la véritable beauté.

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