La grâce d’être vivant.e.s
Ce matin, en marchant dans la forêt (qui) de Soignes, un chant me vient et me fait monter le cœur au bord des yeux…
« Prendre un enfant par la main ».
Chaque jour, en tenant une petite main dans la mienne, mon cœur bat plus fort de gratitude de sentir cette peau, ces petits doigts si fragiles, cette vie, cette confiance dans le creux de ma main…
Oui, les enfants sont une grâce.
Une grâce bruyante souvent, certes, mais n’est-ce pas là aussi notre chemin ? S’autoriser à redevenir pleinement vivant.e.s, vibrants de douceur et d’un feu flamboyant qui exulte de façon divinement chaotique ?

Nous marchons sur le chemin de la Passion cette semaine, et je pleure depuis deux jours, émue aux larmes à la moindre rencontre ou occasion.
En déposant mes prières ce matin aux pieds de Marie devant cette grotte, pour toutes les personnes en souffrance que cette Semaine Sainte nous invite à honorer par nos prières, j’étais en larmes.
En larmes de penser à la beauté du monde qu’ils ont quittée, et en même temps à la Beauté éternelle qu’ils ont, je le souhaite de tout mon cœur, rejointe. Nous devons honorer leur mémoire, mais n’est-ce pas eux désormais qui sont nos parents ? Qui nous regardent avec cet amour infini, en déposant leur main dans la nôtre, pour nous soutenir dans ce monde d’épreuves et de souffrance ?
Oui la souffrance et la haine se répandent en ce monde. Mais à chaque goutte de compassion, à chaque sourire, à chaque geste de générosité et d’amour, toute la balance s’en trouve renversée.
Il suffit de ralentir pour Le recevoir. Les signes pleuvent alors comme des pétales de roses du Ciel. Par la beauté qui nous environne, par des apparitions de grâce (comme celle de l’auréole de Marie sur cette photo…), par le chant des oiseaux qui s’éveillent, par le soleil qui nous enveloppe de sa chaleur comme le manteau aux étoiles de la Mère.

Le Samedi Saint qui succède à la mort du Christ fut un jour de silence. N’est-ce pas un signe merveilleux ? Pour précéder à la résurrection du Dimanche à l’aube, il a fallu le Shabbat et le Silence du Samedi. Ce temps de rétention entre l’expire du Vendredi et le nouvel inspire du Dimanche.
Les miracles de nos vies naissent de ce creux.
De ce creux du Sentir, ce creux qui nous demande que nos yeux voient et que nos oreilles entendent, véritablement… Pour recevoir la grâce, il nous faut ralentir et descendre à la lisière du Lieu Secret où Son Amour comme un feu ardent et un souffle léger nous attend avec une impatience fébrile…
Comment vivre cet Amour-là au quotidien ? Comment transformer nos vies en prières ?
En nous rappelant à chaque instant avec Sainte Thérèse de Lisieux que tout est grâce : du vol du papillon au drame qui nous coupe le souffle, et nous révèle « pauvres du Souffle » avec la première béatitude du Sermon de la Montagne…
Par-delà notre compréhension, c’est Lui, à chaque instant qui nous Appelle. Et dans nos souffrances, dans nos larmes de compassion, c’est Lui encore, au travers de cette descente du Sentir, qui nous murmure qu’Il ne nous a jamais quitté.e.s.
La souffrance n’est pas indispensable pour Le recevoir. Mais nous arrêtons-nous suffisamment ? Ouvrons-nous nos cœurs à nos larmes pour bénir cette vie et la beauté de Sa création ?
« Bénis soient les affligés ». Car dans nos souffrance, nous sommes obligés de sentir. Dans nos larmes de compassion pour les autres, c’est Sa présence d’Amour que nous invoquons.
Il est tentant dans le monde actuel de refuser de sentir et de se soulager au plus vite des expériences confrontantes par des idées ou des solutions…
Pourtant le Christ nous a révélé la voie, qui est d’une bouleversante et saisissante simplicité : « À moins que vous ne redeveniez comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume ».
À chaque fois que nous exultons, de joie, de tristesse, d’amour, de gratitude, à chaque fois que la chaos est accueilli et non plus condamné en nous… À chaque fois que nous redevenons pleinement vivant.e.s en nous libérant du Séparateur qui juge, blâme et culpabilise…
Nous retrouvons notre identité véritable : enfants de Dieu, filles et fils de la Source, venu.e.s sur Terre pour réveiller cet Amour infini qui ne nous a jamais quitté.e.s.
« Avant de t’avoir formé dans le sein de ta mère, je t’ai choisi ;
et avant ta naissance, je t’ai consacré ». (Jr 1.)
Puissions-nous ouvrir nos yeux et nos cœurs pour sentir Ses bras aimants autour de nous, et relever la tête avec le Christ sur la croix, pour, au cœur de nos épreuves et de nos doutes, s’écrier d’un élan commun vers le Ciel : Abba ! Père ! Abwoon ! Père-Mère ! Source !…
Je t’en supplie, remplis-nous de Ton Amour !
Que cette Semaine si particulière nous inspire à marcher sur la pointe des pieds, afin d’offrir chaque jour nos prières pour un monde où cet Amour si vaste redevient Loi et nous guide vers nos cœurs d’enfants.
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