L’Avent : une marche de la mémoire

L’Avent : une marche de la mémoire

Amala Klep Kremmel nous convie à une marche de la mémoire, première étape d’un dialogue qu’elle initie avec les lecteurs de CathoBel et Dimanche pour ce temps de l’Avent.

Nous allons marcher ensemble ces quatre semaines et écouter à quel mystère renouvelé elles nous ouvrent…

La Bible est un grand livre de la mémoire. Un rappel de là où nous venons, de nos lignées humaines et spirituelles, et de toutes ces fois où nous avons trébuché, où nous trébucherons, et où Dieu est là pour nous relever. Par la Bible, Dieu murmure au creux de chacun de nos jours – ceux où la Lumière est, et ceux où les ténèbres ne la reconnaissent pas (Jn 1,5) – que nous sommes infiniment aimés.

Marcher la mémoire de l’Avent c’est nous ouvrir à son octave plus grave : celle de Pâques. Ces deux marches se vivent en communion. Jésus en est le trait d’union, car comme il le dit : « Désormais vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme » (Jn 1,51). Jésus nous offre ces deux marches comme le don le plus précieux qu’il est venu offrir à l’humanité : la première marche de la joie, l’ultime de la compassion. Le premier cri de vie et d’émerveillement qui élève nos chants en louange avec les anges ; le dernier cri qui descend dans les profondeurs de nos peurs les plus viscérales, de nos instincts les plus ancestraux.

Selon Annick de Souzenelle, le premier chant du psalmiste (Ps 1,3) devrait être traduit par un arbre entre les deux eaux, du ciel et de la terre. Plutôt qu’un arbre planté près d’un courant d’eau… Ne dit-on pas dans le Notre Père : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » ? Ce trait d’union a été tracé par le Christ afin que l’humain retrouve sa nature véritable : humaine et divine. « Vous êtes des dieux, des enfants du Très-Haut » (Jn 10,34).

Avec cette première semaine de l’Avent, déposons donc un premier pas de mémoire en écho à la marche de Pâques. Sur les icônes de la Nativité, Marie est allongée près de l’enfant Jésus qui repose dans un petit tombeau. La naissance fait jaillir la réalité de la mort… La lumière et les ténèbres, l’un n’existe pas sans l’autre. Au cœur de cette nuit obscure de l’hiver, la lumière de l’espérance jaillit. Cette première semaine est dédiée à la veille, comme nous y invite l’Évangile de ce dimanche qui allume notre première bougie violette, couleur liturgique de la prière et du recueillement…

« Veille, car tu ne sais ni le jour ni l’heure. » (Mt 25,13).

Cette veille rouvre nos cœurs à l’émerveillement et à la lucidité. Au plaisir de contempler cette période si précieuse de l’année qui éveille des lueurs dans les yeux des enfants, au cœur d’un monde à l’actualité bouleversante… Cette veille nous rappelle de ne pas nous enfermer dans cette joie en la transformant en occasion de consommation, mais au contraire, de nous rappeler à notre vocation humaine : rallumer des étoiles sur la terre, là où l’humain crie, là où l’humain saigne, là où l’humain est abandonné de tous. Car si un jour les anges chantent autour de notre berceau, un autre jour tous peuvent nous abandonner sur la croix.

Que cette première semaine nous rappelle que le chant des anges porte en lui-même la mémoire de la souffrance, afin que personne ne soit oublié dans cette célébration qui renouvelle notre espérance… Celle d’une prière qui rejoint Ésaïe (9.2) :

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort une lumière resplendit. ».

Prions dans notre marche cette semaine, avec l’espoir insensé et pourtant essentiel que les ténèbres accueillent de plus en plus la lumière (Jn 1,5)… Afin que ces mots de Marie Elia (dans son livre « rencontres avec la splendeur ») deviennent chaque jour davantage une réalité concrète dans nos vies :

« L’ombre a tant été aimée, qu’elle en est devenue lumière. »

 

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