Cette grande « pause » de l’été qui s’annonce est toujours extrêmement fertile pour reconsidérer les choix qui ont été posés et ceux qui sont appelés.
Il y a 12 ans, tout s’est écroulé en moi. J’étais comédienne depuis… Quand d’ailleurs ? J’ai commencé à 6 ans et cette vocation a rempli toute ma vie ensuite… Jusqu’à ce jour, il y a 12 ans.
Je suivais depuis ma ville d’adoption à Paris un maître hindou, Sri Venudas, depuis un an ou deux. Ses enseignements étaient devenus ma source… Alors de mon monde d’acting et de recherche effréné de vérité et d’expériences, j’ai tout quitté pour la Thaïlande, puis l’Inde.
Première dissolution. Dieu avait le visage de Shiva, Saraswati, Shakti… ou Kali. Kali, la terrible, qui m’a initiée lors d’une cérémonie privée de nuit avec une nouvelle maître, ShantiMayi, née au ciel depuis…
Je suis revenue en Europe totalement baignée de ces enseignements ascétiques, autant que l’était ma vie. Joie terrible de trouver enfin dans la spiritualité un écho de l’ascétisme de mon être, d’une exigence radicale qui se trouvait si seul au milieu de ce monde.
Après quelques années de transmission de cette voie de vérité au travers du Yoga, la thérapie s’est affirmée en pilier. Depuis mes 20 ans, la thérapie m’avait sauvée. Je me rappelle d’appels en détresse à ma thérapeute de tradition juive… Elle a été une première grâce.
J’avais ensuite étudié depuis l’Inde et à mon retour en Europe la psychologie des profondeurs jungienne, ainsi que la thérapie du Voice Dialogue de Hal & Sidra Stone. Nouvelle évidence. Tout ce qui m’a fait vibré dans le théâtre a trouvé un sens : la théorie des sous-personnalités m’a libérée des masques que je portais en survie pour exister. Et m’a offert d’embrasser ces nombreuses parts de moi avec authenticité.
J’ai commencé à enseigner une nouvelle voie. Une voie de douceur pour soi au cœur de l’exigence. Une voie de retrouvailles avec toutes les parts de soi, au travers des archétypes fondateurs de notre être… Après quelques années de cette guérison par le Féminin, la rencontre bénie avec une enseignante d’une puissance rare, Chameli Ardagh, l’Ecole des Mysteres est née en même temps que notre lieu d’accueil, Duo MoonDo, dans le Sud de la France.
L’an dernier, cette si belle aventure de cette École, qui a été l’une de plus belles aventures de ma vie, s’est achevée. Une aventure de cinq ans, quatre promotions, environ 80 femmes réunies et initiées les unes par les autres, et avec les autres.
La radicalité, que j’appelle aussi Appel d’Absolu de la Lune Noire, avait trouvé enfin sa source de douceur, d’accueil dans le regard de l’autre… Ma propre Lune Noire en Balance M12 a été guérie si profondément. Par le regard des femmes devenues mes sœurs. Par le toucher de l’autre devenu ma source vive. Par les mots d’amour et la sororité, devenus ma famille. Par la spiritualité vécue comme Source d’Amour infinie.
Et voilà, vous le savez, qu’il y a deux ans, à nouveau, j’ai été bouleversée. Initiée. Pas étonnant que mon dernier livre Le Lieu Secret se focalise sur l’essence de l’initiation dans nos vies… (PS : j’ai la joie de vous annoncer qu’il paraîtra bientôt au Souffle d’Or pour une deuxième publication ainsi que – enfin ! – dans toutes les librairies).
J’ai les mots du personnage de Photine dans ma pièce Les Porteuses de Lumière (que nous présentons dans moins de 2 semaines dans une chapelle…) qui me montent au cœur :
« J’étais la, face aux multiples autels de ma maisonnée…
(…) Les divinités se moquent de nous de toute façon. »
J’en étais là, il y a deux ans. À regarder ma pièce à moi, remplie à ras-bord, de symboles, de statues, d’élixirs, d’outils, d’odeurs, de rituels… Et un immense sentiment de nausée m’est à nouveau monté au ventre et au coeur (ô Jean Paul Sartre, combien ton livre La Nausée a été une révélation dans mes jeunes années de Spleen…).
L’appel d’une voie unique s’est imposé. Elle était là, cette recherche d’unicité, dans mes études chez les rosécruciens, elle était là, dans mes 6 années d’études assidues de l’astrologie pour déceler le sens profond de notre existence, elle était là, dans mes études et expériences de toutes les pratiques possibles de la thérapie, de la guérison, des cérémonies… Dans mes retraites Chamaniques au cœur de la jungle, ou dans mes jeûnes réguliers.
La sororité et la maternité m’ont guérie de ma sécheresse et de mes raideurs… Mais il manquait les retrouvailles avec le Père. La Réconciliation. Ce mot qui était alors comme une lame dans ma bouche : Dieu.
Je l’ai appelé de toutes mes forces. De toutes les larmes, de tout mon désespoir, de me sentir si orpheline de la clarté de la foi sur un chemin communautaire, une voie qui n’offre pas à chaque pas dix nouveaux horizons… Cela a fait sens de longues années, d’avoir foi dans le monde et l’humain, foi dans l’inconscient et la transformation, foi dans le pouvoir de nos rêves et de l’éveil spirituel par la quête héroïque…
Mais peu à peu, cette foi m’a semblé revendicatrice, humaine, orpheline… Il me manquait quelque chose d’évident, d’essentiel… Et si la foi pouvait être abandon et réconciliation ? Même pour une femme qui a porté l’importance de la souveraineté féminine. Si elle pouvait être pardon et retour aux racines, dissolution de ce qui sépare en une Unité originelle…
Alors soudain la grâce à fissuré mon être. La foi christique s’est installée toute entière dans ma vie et rien qu’à l’écrire les larmes me montent aux yeux…
Vous comprendrez qu’après toutes ces initiations de ma vie, brandir une vérité comme la seule n’aurait aucun sens… Je ne sais pas où Dieu me mènera à présent, ni quel visage Il ou Elle aura pour moi dans 10 ans…
À présent, à genoux devant cette Source d’Amour infinie que je reconnais dans le Père-Mere, Abwoon, face à son épouse l’Humanité… Je sais que je ne sais rien. Que je ne peux que me laisser guider et dépouiller par Lui à chaque pas.
Le Christ s’est installé dans ma vie et dans notre foyer, et tout est devenu si simple… Nos autels se sont dépouillés, la voie est devenue limpide. Pour la première fois de ma vie, je suis soulagée. Légère. Dépouillée du besoin d’incarner une mission, d’être reconnue, à la hauteur, visible…
Pourtant, la vérité que Jesus porte avec une tendresse infinie m’invite à chaque pas à être très honnête vis-à-vis de ce qui n’est plus tout à fait aligné avec sa Présence en moi… Certains espaces se referment. Non par manque d’amour ou de justesse… Mais parce qu’Il m’appelle à une forme de minimalisme nouvelle dans ma vie. Une forme de clarté, de dépouillement, pour être vase cristallin, aussi transparent que les vitraux que mes mains assemblent désormais ou que les figures saintes traduisent au travers des icônes (oh oui, je vous en parle dans une prochaine lettre de ce nouveau pan de l’art sacré dans ma vie !…). Devenir vase transparent où Il puisse se déverser.
J’aurais encore tant à vous écrire…
Le message foudroyant reçu lors du pèlerinage à la Sainte Baume où nous avons emmené vingt femmes avec nous, mon amie Stéphanie Lafranque et moi. Le vertige face au vide sous mes pieds ressenti lors d’un pèlerinage d’une nuit avec mon homme au mont Sainte-Odile le week-end dernier, l’épée de lumière du Christ venue se déposer avec clarté dans mon cœur en écho à celui des Maryams qui l’entourent…
Mais je m’arrête ici, car ma vie a peu d’importance dans l’absolu. Ce qui en a présentement, c’est la clarté de mon invitation pour vous. Afin que vous puissiez la reconnaître si l’appel est là de marcher avec moi vers Lui.
Les espaces qui vont s’ouvrir ou se réouvrir porteront plus que jamais cette intention claire : pas de guérison, ni de recherche de transformation… Elles arrivent par elles mêmes lorsque la grâce est là… Je vous invite en tant que sœur de silence, afin que nos cœurs se retournent vers l’Essentiel et que nos êtres deviennent calices. Afin de faire de la place à Sa Présence dans nos vies pour que la Paix s’installe dans nos cœurs, même au cœur de l’épreuve, et nous rappelle constamment son Nom.
Il y a des liens d’attachement qui sont déchirants à remercier en refermant certaines portes… « Le doute me maintient en vie », dit Marthe dans notre pièce. Ô combien le doute m’habite souvent, et combien à chaque fois il me remet à genoux, car pour moi à décider c’est impossible… Mais pour lui, tout est possible (Mt 19.26). Car j’ai foi qu’en étant totalement alignée à chaque pas à l’Appel de vérité et d’amour en moi, j’œuvre avec plus d’alignement et d’espace pour la grâce avec vous.
Voici les prochains espaces que je dépose comme des prières à vos pieds. Si cette voie christique de dépouillement, de retournement de cœur et de feu divin reçu dans le brasier de nos êtres vous appellent aussi avidemment que moi… Quel honneur pour moi, de marcher encore avec vous, pour la première fois ou pour la centième !
Merci de m’avoir lue.
Merci d’être témoin de mes morts et de mes chants de renaissance…
Merci d’être là, même si l’Appel en vous ne murmure par Son Nom à Lui. Tant que l’Amour est là… Tout nous relie.
Merci de faire communauté d’humains ensemble, de près ou de plus loin.
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