3e semaine de l’Avent : les fruits plutôt que le bruit

3e semaine de l’Avent : les fruits plutôt que le bruit

 

Pour cette troisième semaine de l’Avent, c’est encore le prophète Jean-Baptiste qui nous ouvre le chemin (voir article semaine 2). Jésus précise dans l’évangile de ce dimanche (Mt 11,2) : son cousin n’est pas seulement un prophète, c’est un messager.

Comme les anges envoyés par Dieu pour annoncer une bonne nouvelle (Lc 1,26), mettre à l’épreuve (Gn 32,25), ouvrir la voie (Ex 23,20) ou avertir (Mt 2,13), Jean-Baptiste est un messager chargé d’annoncer la Lumière à venir.

Pourtant, en incarnant ce rôle d’entre deux mondes, Jean-Baptiste est aussi le représentant d’un monde qui touche à sa fin. Il est le dernier des prophètes de l’ancien monde. Après lui s’ouvre un nouveau chapitre de la relation à Dieu…

Une révolution intérieure

Avec Jésus, nous vivons une perpétuelle révolution. On ne peut vivre avec Lui sans accepter ce retournement de cœur. Désormais l’ancienne Alliance d’une loi qui discernait le bien et le mal n’est plus, Jésus nous offre une nouvelle Alliance : celle où seul le Saint-Esprit peut nous guider à chaque pas.

Avant de partir, Jésus met en garde ses disciples : « Il est bon pour vous que je m’en aille ; car si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas vers vous. Mais si je pars, je vous l’enverrai. » (Jn 16,7)

Là où les anciens étaient fidèles à un prophète et au message qu’il portait au peuple, Jésus se refuse de devenir idole. Il veut que chacun se reconnaisse désormais comme fils et fille de Dieu. Que chacun s’éveille au prophète, au porteur de Bonne Nouvelle en lui.

« Je répandrai mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront… » (Ac 2,17).

La loi du cœur

Plus de lois gravées dans la pierre pour discerner les frontières entre les humains : Jésus inscrit d’un doigt sur la terre une nouvelle loi du cœur, afin de reconnaître la vérité en chaque instant (cf. Jn 8,6).

Jésus est abolisseur des frontières. Quand il pointe le doigt vers nos infirmités de pharisiens, c’est pour mieux creuser nos cœurs à son appel d’amour infini. Jésus est miséricorde. Il nous envoie l’Esprit, afin que nous recevions le présent immense de la miséricorde de Dieu, en cœur à cœur avec Lui, sans plus d’intermédiaire.

Voici sa Bonne Nouvelle, son Évangile. Elle s’écrira désormais de mains d’homme, en témoignage des fruits que Dieu sème par le monde.

Les fruits plutôt que le bruit

Avec Jésus, ce qui compte, ce n’est plus la grandeur de nos actes ni celle de notre renommée…Ce sont les fruits quotidiens et les actes de charité aux plus petits.

« Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean-Baptiste ; et pourtant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. » (Mt 11,11)

Antoine Nouis décrit cela en une phrase : « Pour Jésus, le plus grand est le plus serviteur. »

Il ne s’agit plus de viser loin et immense… Il s’agit d’aimer.

Un jour, le rabbin Salanter a demandé à ses disciples ce qui, selon eux, était la lumière la plus brillante. Les disciples ont proposé la lune, puis le soleil. Le rabbin a répondu : « Non, la lumière la plus brillante est l’œil d’un voisin, car elle est proche et vous pouvez la voir clairement. »

Il s’agit de se laisser creuser pour devenir crèche. Là où Jésus peut se déposer en nous pour nous éclairer de l’intérieur.

Le doute comme ciment de la foi

On dit que Jean-Baptiste a douté de Jésus à cause des œuvres qu’on lui a rapportées (Mtt 11,2). Maria Valtorta, dans ses visions des Évangiles, décrit un Jean-Baptiste qui ne doute pas mais envoie ses disciples pour qu’ils croient à leur tour.

J’aime la version d’un Jean-Baptiste qui doute : à l’endroit du doute existe une foi vivante. Une foi sans doutes est statique, elle devient loi gravée dans la pierre, sa rigidité inscrit des frontières. J’aime à sentir qu’à cet endroit de la marche vers la Nativité, celui qui était brûlant de foi, qui convertissait et baptisait pour purifier les âmes… doute et remet en question sa vision du Messie et par elle, celle de Dieu.

La place de la joie

Ainsi, en cette troisième semaine, la radicalité devient rencontre, l’exigence laisse place à la joie. Et c’est bien de cette joie dont il est question pour ce troisième dimanche de l’Avent, que l’on nomme « Gaudete », du latin «  réjouissez-vous ! ».

Une joie plus proche de l’allégresse avec ses deux ailes, comme dit Annick de Souzenelle, que de la satisfaction des sens ou de l’esprit. Une joie qui ne dépend plus des circonstances extérieures, mais qui se rencontre dans l’œil du voisin, par la seule réjouissance d’être ensemble enfants de Dieu.

La joie à laquelle nous sommes invité·e·s est celle de se savoir infiniment aimé·e·s. Et que la miséricorde de Dieu s’offre en coupe d’abondance à tous ceux et celles qui acceptent d’être petit·e·s pour servir, plutôt que posséder.

Les fruits plutôt que le bruit

Voici l’invitation de cette semaine : ne jugeons plus à l’identité, apprécions le fruit. Apprenons à reconnaître les fruits de l’Esprit dans nos vies :

« L’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi. » (Ga 5,22–23).

C’est à la vue de ces fruits-là que nous pouvons nous réjouir ! Ce sont eux qui dévoilent le Royaume de Dieu désormais à l’intérieur de nous. Et quelle joie que ce retournement de cœur vers cette renaissance ! Une naissance du Christ en soi à célébrer chaque jour…

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