2e semaine de l’Avent : à la rencontre de Celui qui rend la vie impossible

2e semaine de l’Avent : à la rencontre de Celui qui rend la vie impossible

Nous sommes entrés dans la deuxième semaine de l’Avent. La première a été l’occasion de répondre à l’appel de sa « venue » (adventus, l’avent).

Nous avions évoqué la semaine dernière l’importance de rester lucides et attentifs, au cœur des réjouissances, et de nourrir l’espérance afin que la lumière soit toujours remise au centre de nos vies, par-delà les ténèbres qui nous entourent.

Cette première semaine, en quelque sorte, correspondait à la « mise en présence » selon saint Ignace, qui nous permet de préparer notre temps de prière en nous rendant disponibles à Dieu, en nous mettant à Son écoute.

En franchissant le second portail, nous descendons un peu plus profondément au cœur de cette nuit de l’hiver qui s’annonce. Cette nuit qui, paradoxalement, va être témoin à nouveau du retour de la lumière : les nuits raccourcissent avec la naissance du Christ. Quelle merveilleuse promesse, n’est-ce pas ? Ce n’est pas hypothétique, ce n’est pas illusoire… La Lumière existe, Son retour est annoncé, prévu, et nous invite à renouveler notre confiance. Une confiance qui libère de tout ce qui l’ombrageait et déviait sa voie directe vers Dieu.

Avec cette seconde semaine, c’est la voix des prophètes qui s’élève. Jean-Baptiste, « la voix qui crie dans le désert » (Isaïe 40,3), annonce en ce second dimanche de l’Avent l’approche du Messie et l’urgence de « rendre droits nos sentiers ».

Pourquoi tant d’exigences lors d’une marche de la joie ? Pourquoi Noël ne pourrait-il pas n’être que douceur et chaleur ? À cette question, légitime en nous, qui aspirons à l’harmonie et à la paix, je vous propose cette belle réflexion du poète Christian Bobin (extrait de « La Lumière du monde ») :

« J’éprouve de la méfiance vis-à-vis d’un imaginaire un peu trop chaleureux, romantique, “sucré”. Noël n’est pas une jolie histoire, un joli rêve.

À Noël, je vois venir à ma rencontre un nouveau-né qui, déjà, est mon maître. Un enfant qui va me donner à manger comme on donne à manger à un nourrisson. Un enfant qui va m’apprendre des vérités élémentaires et pourtant tellement essentielles.

Il va m’apprendre que d’un côté il y a les stratégies, les calculs, la force, la puissance, l’argent, la jalousie. Et que, de l’autre, il y a l’attention à l’autre, l’oubli de soi, le don, l’ouverture, la bonté.
À Noël arrive un enfant qui va nous rendre la vie impossible, mais sans cet impossible, il n’y a rien. »

Cet impossible, c’est bien celui qui, seul, permet les retrouvailles avec Dieu. Si je ne touche pas l’espace d’impossible en moi, je n’ai aucune raison de me tourner vers Dieu.

« À l’homme c’est impossible, mais à Dieu tout est possible. » (Mtt 19,26).

Ne semble-t-il pas impossible que le Salut du monde nous vienne d’un nouveau-né, un immigré oublié au cœur d’une étable ? Ne semble-t-il pas tout aussi impossible de croire à l’amour dans un monde divisé par les guerres, l’égoïsme et les compétitions ?

C’est au cœur de l’impossible que Dieu nous appelle. Comme Il a appelé Abraham avant nous à tout quitter pour Le suivre, comme Il a appelé Marie à croire à un miracle dont tous doutent autour d’elle. C’est au lieu de l’impossible qu’Il nous donne rendez-vous. Et c’est à cet endroit de vertige, de saut dans l’inconnu, de renouveau… que le Christ nous promet de renaître à nos vies, de vivre avec nous la nativité. Le baptême de lumière, où « ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi », dirait saint Paul (Galates 2,20).

Pour cette deuxième semaine, je vous invite donc à semer une pincée d’impossible dans votre vie. Quel pas vous semblait infranchissable ? Un pardon difficile à donner ? Un merci qui tarde à se partager, un élan spontané, un don, une attention, une ouverture… Un courage que vous aviez évité de confronter ? Une prière que vous n’osiez plus déposer ? Un miracle enfoui dans un cœur d’enfant oublié ?…

Je vous souhaite d’approcher cette semaine ce lieu d’impossible, lieu secret de la rencontre avec Dieu. Afin que l’Avent soit un temps de dépouillement de ce qui était devenu trop possible, concret, explicable, raisonnable… Afin qu’il nous ouvre à plus de solidarité, de foi, d’entraide, de tendresse et de spontanéité féconde. Et que le renoncement, la tentation et le découragement se dépoussièrent et brûlent comme de la paille sur le chemin vers la Lumière. Car Christ seul peut nous libérer de l’emprise du monde qui nous étouffe :

« il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. » (Mtt 3,12).

Cette semaine, ensemble, marchons l’impossible ? Là où l’Adversaire murmure cyniquement à cette perspective trop naïve, exigeante ou utopiste à ses yeux… Répondons : si Dieu le veut, tout est possible !

 

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